Une plume en rouge et noir, épisode 1

Dans ce nouveau format, Radio Roazhon part à la rencontre de personnalités du monde des médias qui font l’actualité du Stade Rennais. Ils sont journalistes, présentateurs d’émissions, animateurs radio et ils ont un point en commun : Ils aiment le Stade Rennais. Le premier invité de cette série, c’est Clément Gavard, 31 ans, journaliste qui couvre l’actualité du SRFC pour l’urticant et très drôle So Foot.

Natif de Rennes, Clément est notamment passé par chez nos collègues de Stade Rennais Online puis chez Sport24 et France Football, il devient pigiste chez So Foot en août 2018. Radio Roazhon vous propose d’en découvrir plus sur lui et son amour pour le Stade Rennais. 

Bonjour Clément, dans un premier temps, raconte-nous comment es-tu devenu supporter du Stade Rennais ?

Forcément, quand c’est le club de ta ville, c’est plus pratique de le supporter, même si des jeunes aiment bien supporter le PSG maintenant. Il y a évidemment aussi une filiation : mon père était un grand fan de foot et du Stade Rennais. Il m’a amené assez rapidement Route de Lorient, à 5 ou 6 ans. À force de suivre le club au stade trois ou quatre fois par an, d’être « biberonné stade rennais », d’avoir rapidement des maillots… J’ai baigné dedans naturellement. C’est parti de ça. 

Tu parlais de tes premières expériences au stade, de tes premiers maillots, as-tu des souvenirs de cela ?

Je n’ai pas un souvenir extrêmement précis de mon premier match au stade. Je crois que c’était un Rennes-Montpellier en 1996, (2 octobre 1996, victoire 2-0 avec des buts de Guivarc’h et Huard, NDLR). Je sais que le deuxième, c’était un Rennes-PSG, succès rennais aussi. Au début, je croyais que j’étais un peu un porte-bonheur parce que dès que j’allais au stade, Rennes gagnait. (Rires.

Après, j’ai d’autres souvenirs. Je crois que c’est à mes 10 ans où je reçois mon premier maillot. Je m’en rappelle très bien parce que je reçois une boite de chaussures. J’étais déçu parce que je m’attendais à avoir une tunique de Rennes. Au final, il y avait un maillot floqué de mon nom à l’intérieur, numéro 10 pour mes 10 ans. Le maillot époque Pinault sur le devant, un peu à l’ancienne

J’ai un autre souvenir d’enfance : j’étais allé voir un Rennes-Monaco avec mon père en tribune Super U. Rennes avait battu Monaco avec, je crois, un but de Nonda et un autre de Diouf. C’était marrant parce que le lendemain, j’étais sur la photo du journal Ouest France avec mon père en train de fêter le but de Diouf à la rambarde. C’est une photo qui est restée longtemps accrochée dans ma chambre.

Sur le pendant plus négatif, as-tu des souvenirs de premières grandes tristesses, grandes déceptions, des matchs crève-cœurs du Stade Rennais ?

Je me rappelle avoir découvert le Rennes-Auxerre 0-5 (le 28 juillet 2001, NDLR) avec les 4 buts de Cissé un dimanche matin sur Téléfoot en vacances et j’avoue que ça ne m’avait pas trop fait plaisir… (Rires.)

Ma première vraie déception, comme beaucoup de ceux de ma génération, c’est le Lille-Rennes (le 26 mai 2007, 1-1 score final, NDLR) avec le but de Fauvergue. J’étais avec des copains chez mon père devant le multiplex, c’était un peu une tradition de fin de saison. À l’époque, je commençais à aller en ville faire la fête à la fontaine, place de Bretagne. On s’était habillés Stade Rennais et on était prêts à aller à l’eau. On commençait à descendre l’escalier, et là, bim, on voit le but de Fauvergue. C’est la première très grosse déception, avant celle de 2009 contre Guingamp.

Quels sont les joueurs du club qui t’ont le plus marqué ?

Je ne vais pas être très original, mais comme pour beaucoup de ma génération, Frei évidemment. C’était le mec qui survolait tout, qui avait une personnalité attachante qu’on avait envie d’idolâtrer. Il marquait plein de buts. On a en tête le speaker qui hurle son nom avec le numéro 23 à chaque but. C’est ma première idole.

Depuis que je suis devenu journaliste, j’ai réussi à prendre du recul et à ne pas idolâtrer des joueurs. Il y a des joueurs que j’aime bien évidemment. Typiquement, des joueurs comme Bourigeaud, qui incarnent le club. Quand tu as des joueurs comme ça, c’est attachant. Monterrubio aussi même s’il est un peu retourné vers ses copains nantais, mais le duo avec Frei était tellement magique. Il y avait aussi Källström. L’équipe de cette période était une machine à idoles pour les jeunes

Que penses-tu du début de saison, et de manière plus générale, de la direction prise par le club depuis quelques années ?

Je pense qu’on est surement dans une période dorée, un peu âge d’or du Stade Rennais des temps modernes. Du 21ᵉ siècle en tout cas, c’est sûr. C’est un vrai cheminement que j’aime bien. Ça enrichit de vivre ses années de la lose, avec les finales perdues. Je suis plutôt très content de ce que vit le club, qui a l’avantage d’avoir un actionnaire très solide financièrement et doté d’un ancrage régional fort. Il y a évidemment les cinq qualifications de suite en coupe d’Europe. On a eu aussi la finale de Coupe de France gagnée. Et puis, des petites crises avec l’éviction de Létang, Stéphan qui démissionne… On a toujours ces petites crises institutionnelles à Rennes qui font qu’on peut croire que tout est fini, gâché, mais finalement, on a vu que le Stade a su rebondir avec, à mon avis, des personnes saines et compétentes.

Florian Maurice, par exemple, est très qualifié. Il fait parfois des erreurs, néanmoins, c’est un vrai bosseur. Bruno Genesio, j’étais le premier à être sceptique à son arrivée, mais il m’a convaincu et puis comment ne pas être convaincu par le jeu rennais ? En plus, c’est quelqu’un d’assez sympa et abordable pour les supporters. C’est compliqué de voir du négatif en ce moment. 

Le club n’a jamais semblé aussi fort dans son histoire… Es-tu de cet avis ?

C’est toujours compliqué à analyser quand on n’a pas tout vécu. Sûrement, après, est-ce que dans les années 60/70, quand il y a les deux Coupes de France, ça n’était pas aussi bien ? Il y avait aussi des grands joueurs. Maintenant, c’est vrai que cinq saisons d’affilée en coupe d’Europe, ce qui n’était jamais arrivé, c’est révélateur. Après, je n’ai pas du tout envie de dénigrer les périodes anciennes. J’imagine que les anciens vont me dire qu’à l’époque de Laurent Pokou, ils ont aussi vécu des kiffs énormes. En tout cas, on est assez gâtés actuellement avec Rennes.

Comment combines-tu ton métier de journaliste et le côté fan du club ? Essayes-tu de rester neutre dans ta pratique ou, au contraire, assumes-tu cette subjectivité ?

Déjà, je ne me revendique pas neutre. Les supporters rennais savent que je suis, de base, un supporter rennais. Je ne vais pas m’inventer une neutralité qui serait fausse. Au fur et à mesure de mon travail, j’ai réussi à faire la part des choses et à travailler en gardant la tête froide. Je me dis aussi qu’être passionné par un club, ça permet d’être encore plus exigeant. Je pense que je connais très bien le club et je reste un passionné donc ça me donne envie de faire des trucs bien dans mon métier. 
Tu vois, par exemple, en 2019, j’ai vécu la finale en supporter parce qu’à l’époque, je n’aurais pas pu la vivre en tant que journaliste. Maintenant, je vis tous les matchs en tribune de presse. Ça reste presque un rêve quand on est supporter et qu’on devient journaliste. Maintenant, le but, ce n’est pas de me comporter comme un supporter. Je ne vais pas aller prendre un selfie en zone mixte avec Bourigeaud ou Terrier !

Et justement, ça ne te manque pas un peu cet aspect supporter ?

Si évidemment un peu. Je ne te cache pas que parfois, en tribune de presse, on peut exulter sur un but. (Rires.) Oui ça me manque un peu d’aller en tribunes Mordelles, d’aller voir un match sans travailler… Je suis le premier à dire que les journalistes devraient, à mon sens, s’obliger à aller voir un match en « tribune normale » par saison pour ne pas être déconnecté des supporters. Pour compenser, je vais parfois voir les matchs dans les bars rennais à Paris ou avec des potes.

Pour terminer, pourrais-tu nous donner tes pronostics pour la saison ?

Alors, je suis nul en pronostics et on me donne une réputation de pessimiste (Rires). Mais en championnat, je vois bien encore une 4ᵉ place. Je trouve qu’il y a une grosse concurrence en Ligue 1 avec plein de clubs forts.  

Qui mettrais-tu devant du coup ?

Eh bien Paris. J’aurais tendance à laisser Marseille. J’ai toujours une méfiance avec Monaco qui est une équipe un peu bizarre. J’ai aussi un peu peur de Lens qui n’a pas de coupe d’Europe et qui a l’air d’arriver à maturité. Ce sont les clubs qui me viennent. Pour moi, Rennes peut joueur le podium, mais je les vois terminer 4ᵉ.
Pour la Coupe d’Europe, c’est dur à dire. Je suis le premier à affirmer que Rennes doit ambitionner d’aller loin, voire très loin. On a vu les finales l’année dernière et c’est possible.

C’est quoi pour toi « très loin » ? Quarts ? Demi-finales ?

Ouais, voire finale ! (Rires.) Ça dépendra du tirage. Si tu finis deuxième et que tu prends le Barça, on ne t’en voudra pas de sortir en barrages (l’entretien a évidemment été tourné avant le tirage, ça sera finalement le Shakhtar Donetsk, NDLR). Je suis dans l’esprit de se dire que Rennes peut faire un truc un peu fou. Ça se joue sur deux matchs. On peut faire des grosses surprises…

Merci beaucoup Clément.

Entretien enregistré le 25 octobre dernier.

Jocelyn Gouriou

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